Février 2004

Février 2004

Gil Courtemanche ou Le progressisme de droite

Trop loin à l’est, c’est l’ouest.
Lao-Tseu

Une tentation antinationale guette la social-démocratie de gauche au Québec. Elle jette dans les bras des ennemis extérieurs du Québec certains éléments gravitant autour par exemple de l’Union des forces progressistes (UFP), des collectifs d’abord solidaires ou autres groupes progressistes.

À la base de cette tentation – outre bien sûr l’hégémonie canadienne et sa propagande, qui exercent un effet déréalisant sur la politique « provinciale » – il y a une préoccupation mal comprise, ou à moitié comprise, du bien commun, d’où la dimension politique disparaît au profit de la seule dimension socioéconomique. Certains poussent cette logique jusqu’à dénigrer ouvertement la lutte des Québécois contre leur dépendance politique, alignant leur discours sur celui des contempteurs traditionnels du Québec. Sur la question nationale, se vantant de faire de la politique « autrement », ils rattrapent simplement la meute criante des politiciens d’outre-Outaouais tout ce qu’il y a de plus traditionnels. C’est le cas de Gil Courtemanche. Son plaidoyer de chemise déchirée pour une Seconde Révolution tranquille illustre bien le tropisme réactionnaire en question1. Ce tropisme, faut-il dire, est très loin d’emporter toute la gauche, mais il la travaille ; assez pour que l’analyse du « programme » courtemanchien présente un intérêt, par-delà son caractère assommant et verbeux.

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La grande noirceur serait-elle devant nous ?

Il paraît acquis aujourd’hui pour beaucoup des nôtres que notre société est sortie à partir des années soixante, grâce à la « révolution tranquille », d’un long isolement, d’une longue période de grisaille, d’ignorance, voire d’oppression intellectuelle et morale, situation résumée dans l’expression « la grande noirceur ». Et l’on parle sur un mode apitoyé des nombreuses générations de nos malheureux ancêtres, victimes de cette tyrannie multiforme, privées des lumières, de l’ouverture au monde, du progrès économique et scientifique, dont nous sommes les bénéficiaires enchantés !

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La grande méprise

Jadis et même hier, la guerre et les conquêtes n’engendraient que des effets relatifs, bien que terribles. Elles chambardaient la carte politique, les rapports de force entre les nations, la puissance matérielle des unes et des autres, et entraînaient des dommages de tous ordres. Mais c’était toujours comme de l’histoire ancienne. Les bouleversements se refermaient à la fin sur des situations changées certes mais rétablies sous d’autres formes. L’histoire classique reprenait, les guerres aussi, mais dans des limites similaires bien que sans cesse agrandies : Napoléon par rapport à Louis XIV, puis les deux grandes guerres par rapport à Napoléon. Différences seulement quantitatives jusque-là, bien qu’immenses. Le sort physique du monde ne se jouait pas encore. Mais voici que ce sort est devenu le premier en cause, ce qui est d’une nouveauté formidable.

 

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La démarche de Monsieur Lambert

Adaptation de l’entrevue réalisée avec Yves Lambert, chanteur, accordéonniste et cofondateur de La Bottine souriante, Françoise Boudrias, ancienne gérante de La Bottine et Sylvie Genest, professeure de musique à l’UQAM et collaboratrice d’Yves Lambert

Le Québec devait se donner en spectacle le 11 septembre 2001 près du World Trade Center dans le cadre de La Saison du Québec à New York. Le contretemps cataclysmique que l’on sait ayant compromis la tenue du spectacle d’ouverture, une adaptation de circonstance avait été organisée à Montréal quelques jours plus tard sous le thème « Québec-New York : un show pour la vie ».

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Québécitude et musique québécoise

Musicienne et ethnologue. Professeure au département de musique de l’Université du Québec à Montréal

Ma réflexion prend comme point de départ une déclaration de la député bloquiste Suzanne Tremblay, faite en février 1999 devant un comité parlementaire fédéral sur le patrimoine. Alors qu’elle défendait le pourcentage de contenu canadien dans la programmation des radio-diffuseurs nationaux, madame Tremblay avait émis l’avis selon lequel la vedette internationale de la chanson Céline Dion, originaire de Charlemagne au Québec, n’était « ni québécoise ni canadienne », mais plutôt « une chanteuse américaine ou universelle […] dont les chansons ne reflètent rien de l’expérience québécoise » (Petrowski, La Presse, avril 1999). À cela, la journaliste très respectée qui commentait le fait s’était sarcastiquement indignée en demandant s’il fallait « faire dans les tapeux de pied » pour être québécois…

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La résurgence de la parole vivante

Entrevue avec Jean-Marc Massie, conteur, organisateur et président du Regroupement du conte

Le jeune Fred Pellerin éparpille des feux follets un peu partout et le fabuleux Michel Faubert hante les scènes les plus hétéroclites escorté par un diable qui vous jette un troublant regard de côté. Même les extravagants personnages de Jocelyn Bérubé sont de retour. Derrière ces figures plus connues du conte québécois, s’agitent dorénavant les langues déliées de mille autres conteurs et conteures. La résurgence de la parole vivante est palpable. Elle se produit dans de petites ou de grandes salles. Elle se proclame en plein air ou s’infiltre dans les médias contemporains. Les moulins à paroles se promettent de réduire en pièces la langue de bois rond !

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action couv 1933Bibliothèque et Archives nationales du Québec a numérisé tous les numéros de L'Action française et de L'Action nationale depuis 1917.

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