Septembre 2019

Septembre 2019

Éditorial - Sisyphe au pied de la pente douce

2019septembre250Il y a une fatalité d’octobre dans la culture québécoise. Le cri des outardes, le flamboyant spectacle des oies survolant les battures, les premières gelées que l’explosion des couleurs fait mieux accueillir, tout cela ne se déploie pas seulement dans le paysage. Il y a dans la vie publique, dans le débat politique, d’intrigantes analogies qui font de l’automne un moment de bascule singulièrement intense. La crise d’Octobre en aura constitué un paroxysme, le référendum de 1995 aura marqué à jamais le 30 octobre au fer rouge sur tous les calendriers de la mémoire. L’octobre ici raisonne toujours avec les évocations de la défaite, avec les langueurs à porter le destin.

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Pierre Falardeau (1946-2009). Dix ans qu’il nous manque

Il n’y a rien de plus cruel que le temps. Il passe et se fiche de nous. Buté, il s’acharne, ralentit, s’accélère, s’étire, coule, déboule, mais ne s’arrête jamais. Presque jamais. Sobre, le temps se tient à l’écart, puis nous fait pleurer, s’attache à nos genoux, détache nos cheveux. Même s’il croit à l’égalité des chances, le temps est cinglant, c’est un sadique le temps.

Le temps a une seule amie. Et toute une. Quelque peu pédante, éternelle incomprise, elle s’obstine et choisit – disons – bien ses copains. Si elle n’aime pas les foules, elle veille sur nous. Adversaire de tous les temps, elle leur tient tête, travaille à nous laisser des souvenirs, des légendes et parfois même des héros.

Ce mois-ci marque les dix ans du départ de l’un d’entre eux, Pierre Falardeau. Indépendantiste, militant, artiste, le petit gars de Saint-Henri laisse derrière lui une œuvre, mais surtout l’écho d’une lutte sans merci. Il y a dix ans, le temps s’arrêtait. Galant, il laissait entrer son amie : mademoiselle la mémoire.

C’est grâce à elle qu’il nous est possible de revisiter cette belle aventure.

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Pourquoi il n’y aura pas d’entente sur la loi 21

On a entendu le premier ministre fédéral Justin Trudeau affirmer que la loi 21 serait inutile, car nous vivons déjà dans un pays laïque. Étrange déclaration quand on sait que le chef de l’État canadien est la reine Élizabeth II (en fait, Élizabeth Première du Canada) qui, par l’Acte de Suprématie promulgué par Henry VIII en 1534, est « chef unique et suprême de l’Église d’Angleterre » (anglicane) et modératrice de l’Église presbytérienne d’Écosse en même temps.

La stratégie constitutionnelle albertaine

L’élection d’un nouveau gouvernement conservateur a exprimé la colère des Albertains. Leur frustration est dirigée contre tous ceux, au gouvernement fédéral, en Colombie-Britannique et au Québec en particulier, qui ne partagent pas leur vision d’un Canada pétrolier. Pour nombre d’entre eux, le réchauffement climatique est un gros morceau de fake news qui ne devrait surtout pas les priver du pactole qui se trouve sous leurs pieds. L’appétit du gain doit l’emporter, et au diable la nature. Ils empruntent cette vision suicidaire au gouvernement américain actuel dont ils sont proches idéologiquement.

Leur stratégie constitutionnelle est double. Le premier volet est judiciaire, l’autre est référendaire. Nous examinons ici leurs chances de succès.

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(ACEUM) Le Canada a-t-il vraiment sauvé les meubles? (2)

La première partie de cet article a été publiée dans le numéro de juin 2019.

L’industrie aérospatiale

Durant la négociation entre les deux pays, les É.-U. ont imposé unilatéralement un droit de douane de plus de 220 % sur l’avion de la CSeries de Bombardier, sous la pression de Boeing et, auxquels on a menacé d’ajouter des droits antidumping de presque 80 %1. Boeing prétendait que Bombardier recevait des subventions des gouvernements du Québec et du Canada et que ces aides étaient illégales en vertu des lois régissant le commerce international, tant celles de l’OMC que celles de l’ALENA.

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1919: Scandale à Trois-Rivières

Il y a cent ans, en 1919, Son Honneur Joseph-Alfred Désy, juge de la Cour supérieure, entreprend une enquête « royale » sur le conseil municipal de Trois-Rivières, présidé par le député-maire Joseph-Adolphe Tessier. Largement médiatisé, son rapport d’enquête ouvrira une première brèche dans la forteresse libérale de Trois-Rivières, ce qui profitera à l’étoile montante des conservateurs, l’avocat Maurice Duplessis.

Projet de terminal de conteneurs dans la capitale nationale

Ouvrir les yeux pendant qu’il est encore temps
Le camouflage consiste à dissimuler les buts et les motifs réels de l’action derrière des pseudo-buts et des pseudo-motifs qui sont plus populaires et qui bénéficient ainsi d’un plus large soutien de l’opinion publique. Il faut faire croire à la masse des gens que leurs intérêts sont en cause, alors qu’en réalité, les seuls intérêts d’une minorité d’affairistes sont concernés.
(Maurice Duverger, Introduction à la politique, Édition 1964)

Ce court extrait d’un classique de la science politique traduit assez bien le sens de l’intense campagne de relations publiques et de persuasion menée à Québec dans le but de faire passer en douce ce projet insensé que représente Beauport 2020, un projet industriel lourd, directement en façade de Québec, capitale nationale et Ville du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le Port n’en est pas à sa première tentative d’intrusion dans ce paysage d’exception. Au début des années 1990, le GIRAM a dû se mesurer aux administrateurs du Port dans le but de faire échec à un projet de terminal d’entreposage d’alumine et de coke de pétrole calciné dans le secteur de Sillery, là où dix ans plus tard sera aménagé le grand parc de la Promenade Samuel-de Champlain, legs du gouvernement du Québec pour le 400e de la capitale.

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La distance et la mémoire (extrait en primeur)

Chapitre IX
Habiter la culture québécoise
L’étude du Québec n’est pas, pour moi, une spécialité de surplus ; elle m’est exigée par l’ensemble de mon dessein. En effet, comment songer à l’universalité de la science, de la philosophie ou de la théologie sans attention et tendresse envers la patrie de ses pensées.

Fernand Dumont1

« Habiter la culture » : tel est le titre que Dumont a donné aux pages introductives du Lieu de l’homme. Il évoque le problème que soulève à ses yeux l’appartenance de l’homme moderne à la culture. Car, comme on l’a vu, ce que la modernité révèle essentiellement, selon lui, à travers son projet de refaire le monde et l’homme, c’est que la culture, loin d’être la maison de l’homme, est « tout au plus […] un projet sans cesse compromis », et de plus en plus exposé à la menace de ce que j’ai appelé, avec Simone Weil, « la maladie du déracinement ».

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Le Québec, le Canada et l’immigration : qui contrôle quoi?

Étude de cas de l’étranglement inéluctable du Québec par le système canadien

Il y a une perception assez généralisée au sein de la population québécoise que son gouvernement, le gouvernement du Québec, contrôle les décisions de politique publique en matière d’immigration sur son territoire. Que c’est le gouvernement du Québec qui décide combien de personnes immigrantes seront accueillies chaque année, peu importe leur statut ! Le commun des mortels ne fait aucune distinction entre les personnes arrivées pour travailler de façon permanente au Québec, celles arrivées en tant que réfugiées, celles qui se présentent à la frontière et demandent l’asile, celles qui sont installées temporairement au Québec pour diverses raisons, celles qui viennent joindre leur famille d’origine immigrante pour vivre au Québec. On a l’impression que le gouvernement du Québec les sélectionne toutes et possède tous les moyens et outils nécessaires pour mettre en place les services qu’il faut pour les intégrer à la société.

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Dénatalité, pénuries de main-d’œuvre et immigration massive

À l’époque de notre légendaire « revanche des berceaux », les enfants que le Québec comptait en surnombre lui cachaient l’importance de l’immigration, un pouvoir partagé qu’il a abandonné au Gouvernement fédéral pendant un siècle (1867-1968). De nos jours, c’est l’inverse qui se produit. Croyant désormais que tout dépend de l’immigration internationale, le Québec se montre, depuis bientôt 50 ans, indifférent au cumul des naissances manquantes qui auraient été nécessaires pour assurer à long terme le remplacement des générations.

Un pays pour une immigration réussie

Mémoire déposé à la Commission sur les relations avec les citoyens, 22 juillet 2019 sur la Politique d’immigration du gouvernement du Québec

Le document de consultation du gouvernement du Québec reprend le mythe de la compétence partagée en oubliant de dire qu’il s’agit d’un partage très très inégal. En fait, c’est le Canada qui possède les pouvoirs régaliens sur l’immigration comme ceux sur la politique étrangère, le contrôle des frontières et l’accès au territoire qui sont les attributs essentiels de la souveraineté d’un pays. C’est le Canada qui émet les visas, qui accorde les statuts de résidence et de citoyenneté. C’est encore lui qui décide du nombre de ressources humaines pour traiter les demandes et qui est donc responsable des dépassements de délai complètement irrespectueux et négligents que nous connaissons dans la crise des migrants, un dossier toujours en attente de règlement. Comment peut-on parler sérieusement de « planification de l’immigration » par le Québec alors que celui-ci, comme province, est dépendant de la politique canadienne et qu’il a son mot à dire sur à peine 50 % des nouveaux arrivants ?

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André Binette. La fin de la monarchie au Québec

André Binette
La fin de la monarchie au Québec
Montréal, Les éditions du Renouveau québécois, 2018, 162 pages

Partant du fait que plus de 80 % des Québécois sont pour l’abolition de la monarchie, le constitutionnaliste André Binette propose La fin de la monarchie au Québec. Pour une république du Québec dans le cadre canadien, comme l’indique le titre de son livre.

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Alexandre Soublière. La maison mère

Alexandre Soublière
La maison mère. Mémoires d’un Québécois Canadien français
Montréal, Boréal, 2018, 286 pages

Le constat que fait Alexandre Soublière est un constat d’échec. « Le projet du Québec aurait pu fonctionner, mais il a échoué », écrit-il. Son premier réflexe est alors de remettre en question le réalignement identitaire qui s’est opéré durant les années 60 lorsque les Canadiens français ont décidé de renouveler leur fidélité envers Québec plutôt qu’Ottawa pour assurer leur avenir national. « Le mot Québécois, plaide-t-il, a tenté de redéfinir un peuple, mais il ne l’a fait que partiellement. Il nous a coupés, et nous coupe encore, de plusieurs réalités qui nous habitent, et nous a dépossédés des mots pour les exprimer, et des concepts pour les sentir et les vivre. » Soublière est fatigué : « C’est tellement épuisant de grandir dans un non-pays ».

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Alexandre Del Valle. La stratégie de l’intimidation

Alexandre Del Valle
La stratégie de l’intimidation. Du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct
Paris, L’Artilleur, Collection Interventions, 2018, 560 pages

Y a-t-il un sujet qui fait autant jaillir les passions que l’intrusion islamiste en Occident ? Or, pour mieux comprendre un dossier aussi complexe qui implique des tonnes d’acteurs politiques des quatre coins du monde, il faut savoir réfléchir à la géopolitique d’un tel courant de pensée. C’est ce que fait le géopolitologue français Alexandre Del Valle, auteur d’une douzaine d’ouvrages sur l’islamisme et la culpabilisation occidentale, avec son dernier essai La stratégie de l’intimidation : du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct paru en 2018.

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