Juin 2019

Vol. CIX, no 6

Éditorial - Gazoduq et la politique des autres

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Le Canada est un état pétrolier. Son modèle de développement économique est essentiellement extractiviste. Qu’il s’agisse d’énergies fossiles ou de minerais, son économie repose sur une exploitation de la matière brute destinée à l’exportation, une matière qu’il laisse exploiter, pour la plus grande part, par le grand capital multinational, se contentant des retombées économiques, pour ce qui est de l’emploi, et des occasions de financement qu’y trouvent les banques. Le reste est affaire de politique ou plutôt de renoncement à construire sur d’autres bases. La politique ou plutôt ce qu’il en reste s’épuise dans les efforts pour arracher les consentements, faire financer par les fonds publics les infrastructures requises et se servir des retombées fiscales pour financer des programmes dont l’existence est chaque fois davantage dépendante des entrées produites par la rente d’extraction.

Laïcité et démocratie. Mémoire sur le projet de loi 21

La Ligue d’Action nationale et la revue L’Action nationale accordent leur appui au projet de loi 21.

Voilà plus de dix ans que les débats autour de la laïcité de l’État du Québec s’enlisent dans des arguties innombrables où les sophismes s’ajoutent aux injures pour empoisonner la vie de la nation et brouiller les esprits. L’affrontement des points de vue n’a pas donné les progrès qu’on aurait été en droit d’attendre d’un débat démocratique sain et responsable. Il faut souhaiter que la présente commission permette au moins de donner au Québec une base fiable pour continuer d’avancer dans la reconfiguration des institutions rendue nécessaire aussi bien par les limites du régime qui l’enferme dans une constitution qu’il n’a pas choisie que par les transformations sociales et culturelles du temps présent.

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Hauris Lalancette (1932-2019). L’homme qui ne parlait que d’une seule voix

Si vous avez mis les pieds récemment dans une salle de cinéma, vous l’avez sans doute remarqué : les films de superhéros ont la cote. Entre les Avengers, Capitaine Marvel et le toujours aussi attendu Superman, on note un appétit pour l’invincibilité, les missions plus grandes que nature, la défense du royaume.

Si les superhéros font rêver, certains d’entre eux ne portent ni la cape ni l’épée et vivent parmi nous. Ceci n’a rien d’une blague, il suffit d’ouvrir les yeux.

C’est le cas d’Hauris Lalancette, cultivateur de Rochebaucourt. Le célèbre colon abitibien a rendu l’âme le 23 avril dernier, mais il avait été convenu qu’il passerait à postérité. L’agriculteur a sacrifié sa vie au profit de l’avenir. Celle-ci ne se conjuguera pas au passé.

Comme tous les superhéros, on l’a d’abord vu dans les films. Au milieu des années 1970, le cinéaste Pierre Perrault cherchait une histoire. En arrivant en Abitibi, il a plutôt rencontré un personnage et, par ricochet, réalisé beaucoup plus qu’un film.

Pour se rappeler la mémoire d’Hauris Lalancette, revisitons cette belle aventure.

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Génération 2012

Maîtrise science politique, UQAM

En 2012, une génération qu’on disait endormie se serait réveillée. Sans crier gare, elle aurait pris le chemin de l’existence. Cette génération était donnée pour morte, enterrée sans avoir vécu. Entre autres choses, on disait d’elle qu’elle n’avait pas l’esprit de groupe. Les forces jeunes se seraient alors déployées : elles devaient propulser une génération hors des mains rugueuses de celui qu’elle croyait être un parâtre, Jean Charest. Au Québec, un mythe s’est construit autour de l’année 2012, surtout dans l’esprit des étudiants, mais aussi dans l’imaginaire populaire. Je n’entends pas ici faire le récit de la plus importante grève étudiante de l’histoire du Québec. Cette suite d’événements est à la fois un départ et un sommet dans le parcours de cette génération à laquelle j’appartiens par acte de naissance. Une conscience qui s’éveille ne sait pas tout du monde qui l’entoure. Le récit qui précède cette prise de conscience générationnelle importe en ce qu’il permet d’éclairer le rapport de la « génération 2012 » à la société québécoise.

Gérard Bouchard ou penser dans l’œil de l’autre

« Qu’est-ce que les autres vont penser ? ». Cette question, combien de fois l’ai-je entendue durant mon enfance et mon adolescence ? D’ailleurs, ce n’était pas du tout une question, mais plutôt la formule incantatoire par laquelle ma défunte mère tentait d’échapper, par le biais du langage, à la dure réalité qui l’accablait ; une parole de fuite qui l’aidait sans doute, en sublimant son malheur dans un « on » anonyme (les autres), à en supporter le poids. Je me souviens à quel point, à l’époque, ces mots-là me hérissaient, sans que je sache trop pourquoi. Plus tard, devenu adulte, j’ai compris que la question tout oratoire de ma mère traduisait au fond sa profonde aliénation. Prisonnière des habitus du milieu dans lequel elle avait grandi, elle ne pensait que dans l’œil de l’autre. À son insu, elle disposait toutefois d’un parfait alibi. Née en 1921 dans la pauvreté, elle avait dû quitter l’école en quatrième année pour travailler et subvenir aux besoins de ses onze frères et sœurs. Sa vie de Canadienne française ne fut pas facile, plus misérable et plus étouffante encore que celle des Belles-Sœurs de Michel Tremblay.

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action couv 1933Bibliothèque et Archives nationales du Québec a numérisé tous les numéros de L'Action française et de L'Action nationale depuis 1917.

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