- X.H. Rioux
- Numéros publiés en 2015
- Septembre-Octobre 2015
Élection fédérale - Dilemme cornélien ou faux dilemme?
Doctorant, politiques publiques comparées, Université McMaster
Que faire ?
« En votant pour un parti ne représentant qu’une portion du pays et n’aspirant qu’à un rôle d’opposition, vous vous excluez du pouvoir. Par ce nationalisme d’ailleurs, et bien qu’elle représente en fait les valeurs dont vous êtes porteurs, vous priverez la gauche de l’appui dont elle a besoin, contribuant de fait à la réélection des conservateurs. Qui plus est, vous ne commettrez là qu’une erreur stratégique de plus, l’indépendance politique ne pouvant être promue efficacement qu’à l’échelle de ses requérants ; pire encore, vous ne pourrez que vous éloigner de ce but en participant à légitimer un système que vous aspirez à quitter. »
Ces arguments sont évidemment familiers : ce sont les plaidoyers qu’entendent en boucle les Québécois depuis plus de vingt ans et encore une fois, dans le cadre de la campagne en cours. Or c’est aussi, pratiquement mot pour mot, ce que l’establishment unioniste a servi aux Écossais le printemps dernier, dans les semaines ayant précédé cet extraordinaire pied de nez qu’aura été l’élection de 56 députés nationalistes (SNP) sur une possibilité de 59 lors des élections britanniques du 7 mai. Il se sera agi d’un véritable coup de tonnerre : bien qu’y participant depuis les années 1930, le SNP n’y avait auparavant jamais récolté plus d’une dizaine de sièges. À l’évidence, nationalistes et progressistes n’auront pas été dupes des logiques fallacieuses de ceux qui, il y a un an à peine lors du référendum, leur reprochaient de toute façon déjà d’agir à l’échelle écossaise.