Prix Rosaire-Morin 2011 – décerné à Hélène Pelletier-Baillargeon

Allocution du président de la Ligue d’action nationale le 28 octobre 2011

helenepb125Il me fait plaisir de vous retrouver si nombreux à ce grand rassemblement des amis de L’Action nationale. Nous célébrons cette année le 5e anniversaire de cet événement annuel qui réunit en dehors des cadres partisans les différentes tendances du mouvement souverainiste. Nous avons ainsi pu entendre Jacques Parizeau, Marcel Masse, Fernand Daoust, Joseph Facal et ce soir Pierre Curzi.

Comme vous le savez, nous sommes la plus vieille revue du Québec et nous allons dans quelques années franchir le cap du centenaire. Notre revue se veut un carrefour, un lieu de débat où sont publiées et discutées toutes les positions qui peuvent faire avancer la cause souverainiste. Cette revue est aussi publiée sans subvention grâce au soutien et au travail de centaines de personnes qui écrivent dans la revue ou qui nous aident financièrement.

La réunion de ce soir est donc en quelque sorte la fête de la détermination, de la persévérance et de la cohérence politique. Nous sommes persuadés qu’un mouvement politique ne saurait exister et se développer sans disposer d’un organe de réflexion et de communication qui diffuse à ses militants les raisons de son combat. Nous disons merci à tous les artisans qui font cette revue mois après mois.

Dans cet esprit de reconnaissance, le conseil d’administration de la Ligue a décidé d’honorer la mémoire de Rosaire Morin, qui a publié plus de 2000 articles et qui a dirigé la revue en 1981-1982 puis de 1989 à 1999, en créant le prix Rosaire-Morin. Ce prix sera décerné chaque année à un militant indépendantiste qui, par ses écrits et son action, a contribué de façon significative au développement de la conscience nationale. Le conseil d’administration a choisi comme première récipiendaire de ce prix une militante de longue date et une intellectuelle de premier plan, Madame Hélène Pelletier-Baillargeon.

Hélène compte 50 ans d’engagement au service de la nation. Dès les débuts de la Révolution tranquille elle collabore à la revue Maintenant dont elle deviendra la directrice en 1972. Elle a collaboré à diverses revues comme Chatelaine, Relations Possible et L’Action nationale. En 1981, elle fera une incursion dans le monde politique à titre de conseillère de Camille Laurin qui était alors ministre de l’Éducation. Elle fera aussi profiter plusieurs conseils d’administration de son intelligence politique dont le Musée des beaux-arts de Montréal, le Conseil supérieur de l’éducation et depuis 1988 elle est membre du conseil d’administration de la Fondation Lionel-Groulx. Elle s’est aussi distinguée comme écrivaine en publiant la biographie de Marie Gérin-Lajoie et celle définitive et monumentale d’Olivar Asselin qui lui a valu le prix de la Société des dix. Nous sommes fiers de décerner le prix Rosaire-Morin à cette femme de coeur et d’esprit.

– Denis Monière, président de la Ligue d’action nationale

Prix Rosaire-Morin 2011 – Allocution de la lauréate

C’est avec un grand étonnement que j’ai appris cette semaine ma désignation comme première récipiendaire de ce nouveau prix décerné par L’Action nationale pour honorer la mémoire de Rosaire Morin.

Lorsqu’on évoque la vie débordante d’un militant souverainiste de sa trempe, on a soi-même le sentiment d’avoir fait encore bien peu pour la cause qui nous a rapprochés l’un de l’autre durant de si longues années.

Mes engagements ont en effet cheminé près des siens durant plusieurs décennies. Au conseil d’administration de la Fondation Lionel-Groulx, au Conseil supérieur de l’éducation, au Mouvement Québec français, au comité de rédaction de L’Action nationale et j’en passe.

Quel qu’ait été l’objectif qu’il poursuivait, j’ai toujours pu observer chez Rosaire Morin la même force de conviction, la même générosité, la même ténacité et la même probité. Mais, surtout, la même liberté critique à l’égard des idées à défendre et des actions à entreprendre. Et ce, avant et après l’accession du Parti québécois au pouvoir.

Rosaire Morin était le défenseur inconditionnel d’une cause — la souveraineté du Québec — bien avant d’être celui du parti qui en faisait pourtant l’article 1 de son programme.

C’est, je crois, sur des militants comme lui que cette cause repose en ces temps incertains où l’avènement de notre libération nationale semble momentanément compromis par le destin du parti qui se doit d’en faire la promotion.

Cette cause commune qui nous rassemble ce soir a, en effet, plus besoin que jamais d’esprits libres et intègres qui puissent prendre le relai de la pensée souverainiste durant cette période de turbulences. Car en ce moment toute l’attention du Parti québécois se trouve mobilisée par ses crises internes. Pierre Curzi, qu’il nous tarde d’entendre ici, semble être de ceux-là, c’est-à-dire de ceux et celles qui, en politique, tiennent fermement à ces valeurs éthiques auxquelles René Lévesque, dans son projet initial, accordait autant d’importance qu’à la souveraineté. Car c’est par attachement à ces valeurs éthiques, tout autant que par conviction souverainiste que tant d’entre nous avons autrefois rejoint le parti qu’il avait fondé.

Ces valeurs d’éthique politique et sociale, la génération qui nous suit les recherche activement en dehors des lignes partisanes. Depuis peu, près d’une dizaine de groupes informels sont apparus jour après jour. De la recherche d’idées neuves à l’indignation, toutes ces voix réunies demandent que l’on fasse désormais de la politique autrement. Il faut les écouter. Il faut contribuer à la tâche de rassembler ces discours en ce moment isolés les uns des autres. Et pour ce faire, il faut à la fois retourner aux valeurs fondatrices de notre mouvement et simultanément se montrer attentifs et proactifs à ce qui est en train de naître parmi cette jeunesse. Or cette jeunesse semble croire que le parti qui a représenté si longtemps nos idéaux est en train de perdre son âme.

Auraient-ils en partie raison ? Pierre Curzi devrait nous aider à formuler ce soir un début de réponse à la question.

Pour contrer cette crise de l’espoir qui nous affecte si profondément, nous avons plus que jamais besoin d’hommes et de femmes éclairés de la trempe de Rosaire Morin pour redonner un second souffle à notre mouvement de libération nationale.

Le prix Rosaire-Morin