Éditorial inaugural des Cahiers de lecture
La lecture n’est pas un exercice solitaire. Si elle est d’abord un dialogue entre un auteur et le lecteur qu’il sollicite au moins autant que ce dernier l’interpelle, la lecture est aussi une construction. Construction du sens à travers ce dialogue certes, mais aussi, à travers tout ce qui se déploie dans cet espace intangible où la culture bat. Lire n’est pas seulement œuvrer dans l’espace intime où chacun fait son miel de ce que le livre a à offrir, matériau, occasion, questionnement, c’est également bâtir une intangible et néanmoins prégnante communauté des interprétants.
L’œuvre, en effet, est une inscription : toujours elle s’inscrit dans une communauté première, donnée. Et la lecture est le moyen par lequel cette inscription se fait projet et héritage. Or, il se trouve que des œuvres, il s’en publie beaucoup ici et il se trouve également qu’un trop grand nombre restent mal ou trop peu commentées. Le pays, du coup, se prive de ce qui peut l’aider à mieux se bâtir, à se projeter plus loin dans ce qu’il hérite de ses propres réalisations. C’est ce à quoi veulent contribuer les Cahiers de lecture de L’Action nationale.